Tetro

Synopsis :

Tetro est un homme sans passé. Il y a dix ans, il a rompu tout lien avec sa famille pour s'exiler en Argentine.
A l'aube de ses 18 ans, Bennie, son frère cadet, part le retrouver à Buenos Aires.
Entre les deux frères, l'ombre d'un père despotique, illustre chef d'orchestre, continue de planer et de les opposer.
Mais, Bennie veut comprendre. A tout prix. Quitte à rouvrir certaines blessures et à faire remonter à la surface des secrets de famille jusqu'ici bien enfouis.




Mon avis:

Voilà un film vraiment original et déstabilisant comme il est bon d’en rencontrer de temps en temps.

Je dois avouer que le début ne m’a vraiment pas captivée (j’ai même été à deux doigts de laisser tomber…), mais je ne regrette pas d’être passé outre cette première impression et d’avoir poursuivi, parce que j’ai assisté à un moment de cinéma vraiment différent et passionnant.
Grâce aux lumières tout d’abord, c’est sans doute la partie la plus surprenante, on voit vraiment dans ce film un éclairage hors du commun. Pour beaucoup, il rappel celui des vieux films (un effet sans doute dû également au noir et blanc), mais en plus accentué. Les contrastes sont vraiment très marqué et plus particulièrement dans les scènes les plus intimes, comme par exemple celle où Tetro et Miranda sont dans le lit (quelle scène magnifique d’ailleurs, d’une douceur, d’une tendresse et d’une subtilité qu’on aimerait voir plus souvent !).
Et puis il y a cette poursuite qui illumine régulièrement et presque violemment certaines scènes, elle devient un personnage à part entière du film.

Je trouve aussi intéressant l’utilisation qui est faite de la couleur (qui est présente seulement dans les flashs-backs), même si cela tranche un peu avec le reste et que ces passages ont des images beaucoup moins belles que celles en noir et blanc.
Les décors sont eux aussi réussis et intéressants.

L’histoire elle, n’est ni vraiment original ou surprenante, ni totalement captivante, elle a un rythme un peu particulier, voir trop lent (au début surtout), auquel on est plus habitué de nos jours.
Mais malgré tout, on se laisse emporter complètement. Essentiellement grâce à ses personnages, ils sont complexes, multiples, torturés, mais aussi tendres et très touchants.

Bien sûr, tout cela n’aurait rien donné de bon sans le formidable trio d’acteur qui porte le film. Ils sont vraiment excellents. Ils font évoluer leurs personnages au fur et à mesure qu’on les découvre, les rendant de plus en plus émouvants. Le tout en restant subtil, sans jamais en faire plus que nécessaire (sauf pour Alden Ehrenreich, qui joue le rôle de Bennie, que j’ai trouvé un peu limite dans 2 ou 3 scènes –notamment celle du début, quand il lis la lettre – mais bon, ça reste un détail).

Toutes ces choses réunies avec brio m’ont finalement –à ma grande surprise- apportées un film vraiment original, surprenant, avec une ambiance très particulière qui le rend très beau.
Je ne sais pas si j’en ferais un de mes films de chevet, mais, même si je ne suis pas une adepte de ces films à l’air un peu expérimental d’habitude, il m’a énormément touchée.

Je ne le recommanderais pas à tout le monde, parce qu’il est vraiment particulier, mais personnellement, malgré ses quelques défauts, je ne regrette vraiment pas de l’avoir vu, et j’ai même envie de le revoir, parce que je pense qu’il est tellement riche, qu’on ne peut pas tout percevoir en un seul visionnage.
D’ailleurs, j’ai l’impression que c’est un de ces films qu’on apprécie un peu plus à chaque minute qui nous sépare du générique de fin, comme s’il continuait son chemin en nous.
Un film rare donc.